La démocratie en Afrique : une réflexion au-delà des normes imposées

La semaine dernière, j’ai reçu une question intrigante : « Est-ce que la démocratie est possible en Afrique avec le taux d’analphabétisme élevé ? » Cette interrogation mérite une réflexion approfondie, car elle touche à des notions fondamentales de ce qu’est réellement la démocratie.

Tout d’abord, il est crucial de définir ce que nous entendons par démocratie. Il s’agit d’un système politique parmi tant d’autres, et non d’un modèle universel devant être imposé à tous. Les démocraties ne s’exercent pas de la même manière dans les pays occidentaux qui se revendiquent comme tels. Par exemple, la démocratie britannique, avec sa monarchie constitutionnelle, diffère de la démocratie française. La démocratie américaine a ses propres spécificités, tout comme la démocratie espagnole.

Derrière la démocratie, il y a en réalité la question de la gestion efficace et équitable de la société. Il s’agit de la redistribution des richesses au sein d’un État et de la mise en place de mécanismes permettant de prendre des décisions dans l’intérêt du plus grand nombre. Ainsi, il est temps de cesser de lier la démocratie au niveau d’instruction des populations. L’analphabétisme ne devrait pas être un frein à la démocratie. En Afrique, on nous a souvent fait croire que nous étions analphabètes parce que nous ne parlions pas les langues coloniales. Cependant, nos sociétés africaines ont toujours eu des systèmes politiques sophistiqués avant l’arrivée des colonisateurs.

Prenons l’exemple de la Charte du Mandé, qui témoignait d’un modèle d’organisation politique élaboré au sein de l’Empire du Mali, bien éloigné des concepts d’alphabétisation occidentaux. Nous devons nous libérer de ces complexes et œuvrer pour construire un modèle politique qui protège nos intérêts et transforme notre environnement. Ce modèle n’a pas nécessairement besoin de s’appeler démocratie ; il peut être adapté à nos aspirations et à notre identité.

Il est évident qu’il existe une corrélation entre le système politique choisi et le niveau de développement d’un pays. Prenons la Chine, qui a opté pour un modèle politique qui lui convient. Bien que cela ne corresponde pas à la définition occidentale de la démocratie, pour les Chinois, c’est leur propre forme de démocratie. D’autre part, des pays comme l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Qatar, qui ne sont pas des démocraties au sens traditionnel, ont néanmoins connu un développement économique fulgurant.

Aujourd’hui, plusieurs pays du Golfe, même sans être des démocraties, attirent les citoyens occidentaux pour leurs soins de santé, leur qualité de vie et leurs opportunités économiques. Cela prouve qu’il est possible de progresser sans adhérer à un modèle unique.

Il est temps pour nous, Africains, de sortir des dogmes imposés et de construire un système qui nous ressemble et qui nous unit. Un système politique adapté à nos réalités et à nos ambitions, qui pourrait bien être la clé de notre avancement collectif.

Réfléchissons ensemble à la manière dont nous pouvons définir notre propre avenir politique. La démocratie, ou tout autre modèle que nous choisirons, doit répondre aux besoins et aux aspirations des peuples africains, sans oublier nos valeurs et nos traditions. Ensemble, construisons un avenir qui nous appartient.

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