LES COMPAGNIES AERIENNES EN AFRIQUE

Voyager en Afrique en général relève du parcours du combattant, voyager en avion relève encore de l’exploit. Pourtant, pour partir de Hararé à Abidjan, de Brazzaville à Niamey, de Douala à Lubumbashi ou de Cotonou à Johannesbourg, il faut avoir de l’argent et s’armer de patience.

Premier problème, voyager à l’intérieur de l’Afrique coute extrêmement cher, parfois plus cher que partir de l’Afrique pour l’Europe ou même les Etats-Unis d’Amérique. La raison de ce énième paradoxe se trouve dans les contradictions qui caractérisent souvent le continent africain, des accords conclus il y’a plus de 50 ans ne sont toujours pas mis en œuvre, le ciel africain est le plus réglementé du monde, les taxes aéroportuaires sont exorbitantes pourtant l’Association des compagnies Aériennes Africaines (AFRA) avait été créée pour faciliter l’intégration des espaces aériens africains. Mais comme souvent, les chefs d’Etats africains signent les accords et sont les premiers à les boycotter, dans le domaine aérien, c’est encore plus frappant. Voyant que les choses n’avançaient pas, malgré l’existence de l’AFRA, en 1988 va naitre toujours sous la houlette de l’AFRA, l’accord de Yamoussokro, un accord qui comptait 44 pays avec pour objectif la libéralisation du ciel africain ; Mais jusqu’en 2018, cet accord n’était toujours pas entré en vigueur. Fidèles à leur incohérence les leaders africains vont décider de remplacer cet accord de Yamoussokro qui a fait 20 ans sans être appliqué, par un autre accord avec pour objectif de créer un marché unique du transport aérien africain. Mais cet[WD1]  énième accord est déjà voué à l’échec car, contrairement à l’accord de Yamoussokro qui comptait 44 signatures, celui-ci ne compte que 23 signataires, comme quoi dans ce domaine comme dans bien d’autres,on avance en reculant. Comment ce qui n’a pas marché avec 44 pays marchera avec 23 ? La principale raison de cette catastrophe c’est le nombrilisme de certains chefs d’Etats africains qui ne comprennent pas grand chose aux enjeux du moment ; ils se réfugient derrière une pseudo fierté nationale pour créer des compagnies aériennes nationales à l’emporte-pièce ; estimant de manière totalement surréaliste que ne pas avoir une compagnie aérienne appartenant à l’Etat est inacceptable. C’est ainsi que depuis pratiquement 50 ans, l’initiative privée dans le secteur aérien en Afrique est impossible ; et les compagnies qui existent et peuvent être performantes sont bloquées car on essaye de protéger les compagnies nationales qui vivent presque toutes sous assistance respiratoire, AIR  COTE D’IVOIRE, AIR BURKINA, AIR SENEGAL, CAMAIR-CO, ECAIR, CEIBA INTERCONTINENTAL, AIR GABON, TOUMAI AIR TCHAD, etc ... ont été ou sont de véritables gouffres financiers ; en plus elles ne servent à rien car, à cause du cout exorbitant des billets d’avions pour voyager à l’extérieur de l’Afrique, il faut parfois compter un à deux jours de trajet qui en temps normal devrait prendre deux[WD2] heures de temps. L’explication qui revient à chaque fois pour justifier cette incongruité c’est la fierté nationale. Quelle fierté pouvons nous avoir en dilapidant de manière totalement irresponsable les deniers publics dans des projets mort-nés montés souvent de manière grotesque ? Si l’on prend l’exemple de l’Afrique centrale notamment la zone CEMAC, alors que les chefs d’Etats avaient décidé de lancer une compagnie aérienne sous régionale dénommée AIR CEMAC, quand on attendait que ces derniers apportent des contributions nécessaires à sa mise en oeuvre, chacun est allé créer sa propre compagnie moribonde ; et comme on pouvait s’y attendre AIR CEMAC n’a jamais vu le jour, et lors du dernier sommet de la CEMAC , ils ont même décidé d’enterrer une fois pour toutes ce projet. Entre temps, TOUMAI AIR TCHAD est morte et malgré cela le Tchad vient de lancer une nouvelle compagnie  TCHADIA AIRLINES, espérons qu’elle prospèrera car il y’a un léger espoir avec notamment la zone de couverture qui est spécifique, vols domestiques et quelques pays limitrophes, mais surtout, la présence dans l’actionnariat d’ETHIOPIAN AIRLINES ,la première compagnie aérienne de l’Afrique ;ECAIR de la République Démocratique du Congo est dans un profond coma depuis des années, AIR GABON est enterré, CEIBA INTERCONTINENTAL de la Guinée Equatoriale sous perfusion, la CAMAIR-CO du Cameroun toujours dans la navigation à vue, et continue d’opérer le miracle d’être une compagnie aérienne sans avions ; elle a changé 6 fois de dirigeants en 8 ans, mais le gouvernement camerounais n’arrive visiblement pas à comprendre que c’est lui le problème et non le management.

Le secteur aérien en Afrique est une véritable catastrophe, la seule compagnie véritablement rentable en Afrique c’est ETHIOPIAN AIRLINES qui est la première compagnie africaine et occupe l’honorable quarantième place mondiale ; derrière ETHIOPIAN AIRLINES, certaines compagnies font sens même si elles ne sont pas encore ou pas toujours rentables ; c’est notamment le cas de SOUTH AFRICA AIRLINES , AIR MAURITIUS, KENYA AIRWAYS, ROYAL AIR MAROC, EGYPTAIR. A cette liste on peut également noter la progression plus qu’encourageante de RWAND AIR, qui est une très jeune compagnie. 

Il est donc encore très loin le jour où on pourra payer cinquante milles francs aller et retour pour faire Abidjan-Wagadougou ou Cotonou-Lomé comme c’est le cas en Europe aujourd’hui, ou du fait de la libéralisation donc de la concurrence, vous pouvez faire Paris-Londres à moins de cents euros soit environ soixante cinq milles francs CFA 

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Image : Unsplash

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